Le réveil de l’enfance est un long rêve troué


Le réveil de l’enfance est un long rêve troué, 2019.
Staedtler pigment liner sur ancienne aquarelle anonyme contrecollée sur carton.
57,5 x 46,5 cm.

[ Collection particulière ]


Le voile du sommeil enveloppe son corps grossier, sans doute un écolier, assis ou sur les genoux, les bras croisés. Il attend ou pose, le visage mélancolique mais précis, quelque peu rongé par l’usure du temps. L’attente est longue, le portrait ne finit pas. Alors il s’endort pour de lentes décades, et les mécanismes du rêve commencent à percer la patine du temps, ils croissent jusque dans sa tête et le recouvrent d’une sorte de masque d’où naissent des formes étranges. Au réveil, les yeux toujours ouverts, il voit des figures indéchiffrables, des paysages impossibles, des matières et des textures organiques et minérales qui creusent ses souvenirs sans pour autant parvenir à les comprendre, comme si c’était là les seules impressions qu’il pouvait retenir après un long sommeil. En effet, il n’y a aucun objet, humain ou naturel ; aucune silhouette vivante n’apparaît hormis la sienne, et peut-être n’est-ce même plus la sienne. Comme s’il avait traversé le paysage altéré d’un autre esprit, comme si son propre paysage se mêlait à celui d’un autre et que les deux unis conjuraient l’érosion irrémédiable de l’oubli.